Sa plaidoirie

à son procès du Jeudi 2 juillet 2020 à NÎMES

Réponse à la première question de la Présidente du Tribunal :

« Je refuse de répondre à toutes vos questions, je ferai une déclaration lorsque vous me donnerez la parole. »

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Déclaration préliminaire en début d’audience

L’audience d’aujourd’hui ne peut pas se tenir, car les droits de la défense n’ont pas été respectés. Cette audience doit donc être renvoyée à une date ultérieure.

En  effet,  j’ai  annoncé  au  Procureur  que  j’assurerai  moi-même  ma  défense,  en refusant l’assistance d’avocat qu’il soit choisi ou commis d’office.

Cependant,  le  Parquet  n’a  pris  aucune  des  dispositions  prévues  en  pareil  cas, malgré mes nombreux rappels.

Je vais maintenant indiquer les six raisons qui motivent ce report :

1.  L’ensemble  du  dossier  pénal  ne  m’a  pas  été  communiqué,  pour  que  j’en dispose  devant  la  Cour  et  que  je  puisse  présenter,  pièces  à  l’appui,  les nombreuses  anomalies  qu’il  comporte :  sur  sept  cents  pages  environ,  la moitié   mentionne   des   sophismes,   des   contrevérités,   et   de   véritables mensonges.  L’autre  moitié  de  ce  dossier  n’est  que  remplissage  factice,  ne servant qu’à compenser l’indigence globale.

2.  Les « copies-travail » des vidéos sous scellé ne m’ont pas été remises, pour que je les voie au préalable, afin que je puisse en commenter le contenu. Je note surtout que toutes les vidéos dont j’ai demandé au Parquet la saisie ont été   omises,  certainement  pour  la  simple  raison  qu’elles   contredisent catégoriquement  le  réquisitoire  du  Parquet.  Cette  sélection  des  images démontre la partialité de la procédure engagée contre moi.

3.  J’ai été incarcéré le 31 mai à la maison d’arrêt de Nîmes. Je reviendrai plus tard   sur   le   sens   politique   et   non   judiciaire   de   cette   mise   en   prison. Néanmoins, il est patent que les conditions matérielles de vie en détention ne permettent  pas  de  créer  un  cadre  serein  indispensable  pour  finaliser  ma défense,  et  pour  rédiger  ma  plaidoirie.  Cet  environnement  défavorable  est renforcé par la surpopulation carcérale, et la promiscuité que cette dernière engendre. Ne parlons pas du manque d’hygiène, et de l’absence de toutes les règles imposées ailleurs, pour lutter contre la pandémie de la COVID 19.

4.  Ma demande de libération, quelques jours avant le procès, a été refusée par le juge de la détention. Cette décision absurde fait la démonstration évidente d’une volonté de me priver de tous les moyens me permettant d’assurer ma défense. En effet, il est indispensable pour qu’un procès  soit équitable, que  le  prévenu  puisse  se  réapproprier  au  préalable  toutes  ses  notes personnelles,  ses  documents,  et  tous  les  dossiers  relatifs  à  son  affaire, surtout lorsqu’il vient, comme moi, sans avocat.

En  effet,  comment  dans  ces  conditions  le  prévenu  peut-il  rédiger  une synthèse  globale,  écrite  pour  la  présenter  à  la  Cour ?  Comment  peut-il contacter les témoins qu’il souhaite  faire citer à la barre ? Ils sont pourtant très  nombreux, prêts à venir démonter l’argumentaire du Parquet, construit de toutes pièces, à la manière des procès en sorcellerie du Moyen-Âge.

D’ailleurs, peut-on imaginer un instant, un avocat venir défendre son client, sans  note,  sans  document,  sans  le  dossier  judiciaire,  sans  le  Code  pénal, avec un ordinateur confisqué à l’entrée ?

Ce qui est nécessaire et indispensable à un avocat l’est également pour un prévenu  qui  assure  lui-même  sa  défense.  À  moins  que  l’objectif  de  toutes ces restrictions soit de le faire taire, en le bâillonnant par la prison préventive.

Sommes-nous   bien    en   France,   berceau   des   Droits   de   l’Homme ?

« Montesquieu, Condorcet, revenez vite ! »

5.  J’ai  déposé  une  plainte  auprès  du  Conseil  Supérieur  de  la  Magistrature contre le Procureur Eric MAUREL et contre le Parquet de Nîmes. Ce recours a  été  validé  par  son  président  Francis  MOLINS.  Autant  dire  que  si  cette instance  suprême  prend  au  sérieux  mes  griefs,  c’est  que  ceux-ci  sont solides, et soulèvent des problèmes extrêmement graves.

6.  Je n’ai pas été convoqué officiellement à ce procès. En effet, je n’en ai été informé qu’oralement par un surveillant, entre la sortie de 17h et le repas de 17h30. Or, je signale que deux audiences, relatives à la même affaire, ont été reportées pour « vice de forme » de la procédure de convocation, pour des raisons beaucoup moins graves que celles-ci. En effet, la personne qui m’a informé  n’est  pas  qualifiée  pour  le  faire  et  d’ailleurs  ne  m’a  remis  aucun document de notification. Cela est pourtant obligatoire.

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Ainsi, pour toutes ces raisons, l’affaire doit être dépaysée vers une autre juridiction. Elle n’a donc pas lieu de se tenir aujourd’hui.

Je demande une suspension d’audience pour que la Cour délibère sur ma requête de report.

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Refus de la demande de report…

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La déclaration en fin d’audience

(en conclusion de sa défense devant le tribunal le 2 juillet 2020)

Ma déclaration sera composée de la façon suivante :

➔         Dans une première partie, je contesterai de façon globale l’ensemble du dossier pénal.

➔     Dans la suivante, j’évoquerai l’aspect exclusivement politique de ce procès.

➔         La dernière partie sera consacrée à la dénonciation solennelle de mon incarcération actuelle, qui elle aussi est très politique.

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I – CONTESTATION INTÉGRALE DU DOSSIER PÉNAL :

Comme  je  le  disais  précédemment,  si  le  Conseil  Supérieur  de  la  Magistrature  a retenu la plainte contre le Procureur Éric MAUREL, c’est que les Hauts Magistrats du C.S.M. (Conseil Supérieur de la Magistrature) considèrent que les faits que j’évoque sont « pénalement qualifiables » et relèvent de « sanctions disciplinaires », à savoir que le Parquet de Nîmes s’est conduit dans cette affaire de façon partisane et spécieuse.

Je rappelle ici les points principaux de ce recours :

1.  Tout   d’abord,   on   observe   que   le   substitut   BOTTERA   a construit artificiellement un dossier exclusivement à charge. Pour ce faire, il a écarté tous les éléments majeurs de l’affaire qui contredisent son réquisitoire. Par exemple, lorsque je porte plainte contre un policier qui tire sur moi avec son  LBD  à  bout  portant,  sans  aucune  raison,  le  Parquet  classe  « sans suite »  ma  plainte,  car  (dixit)  « il  n’a  pas  pu  identifier  l’auteur  de  ce  crime. Malheureusement pour moi, Monsieur MAUREL est bien la seule personne à ne  pas  savoir  qui  est  ce  policier  assassin,  car  au  commissariat  de  Nîmes, tous les collègues de ce dernier le savent quant à eux. Il en est de même de sa hiérarchie. Il suffisait juste de faire une petite enquête pour savoir aussi, mais le Procureur a préféré ne pas la faire, et j’ai dû la faire à sa place. Je peux  même  dire  ici  que  ce  policier  criminel  est  l’un  des  plaignants  de  ce procès !

Dans   mon   recours,   je   cite   d’autres   exemples   semblables,   tout   aussi grotesques.

2.  Ensuite,  tel  un  sophiste,  ce  substitut  instructeur  a  assemblé  artificiellement des  faits  anodins  qui  n’ont  rien  à  voir  les  uns  avec  les  autres,  mais  qui, lorsqu’on les met frauduleusement en relation, suggèrent un effet factice de gravité. On voit ici toute la malhonnêteté intellectuelle de l’auteur du dossier pénal, et surtout on observe ses intentions manipulatrices.

Pour  vérifier  cette  affirmation,  il  suffit  par  exemple  de  constater  qu’ont  été mobilisés plus de quarante policiers pour témoigner contre moi. Ce qui est  comique  dans  cette  construction  c’est  que  ces  policiers  s’interrogent mutuellement. Ainsi,  tour  à  tour,  l’OPJ (Officier de Police Judiciaire) devient  témoin,  et  ensuite  le  témoin devient OPJ.

Mais,   passons   sur   l’aspect   loufoque   de   cette   mascarade   et   relevons simplement que tous ces témoignages ne comportent que des jugements de valeur tels que : « M. Veuillet est un leader des Gilets Jaunes ». Par  contre,  aucun  fait  acté  et  daté,  un  tant  soit  peu  répréhensible  n’est mentionné.   D’ailleurs   tous   ces   commentaires,   qui   ne   sont   pas   des témoignages,  sont  très  imprécis :  on  compte  en  effet  près  d’une  centaine d’expressions telles qu’« il me semble que … », « il paraît que … », « on m’a dit que … ». Que fait ce verbiage de comptoir dans un dossier pénal ?

Le pire dans tout cela, c’est que le Parquet retienne de telles arguties comme des preuves  accablantes.  En  littérature,  on  appelle  cette  technique  « le remplissage » ». Elle sert surtout, aux mauvais auteurs, à meubler un vide. Il est consternant qu’un sous-procureur y ait recours.

3.  On remarque également que le Procureur Eric MAUREL et son subordonné BOTTERA agissent dans cette affaire non pas selon le Droit et les Lois, mais selon leurs convictions idéologiques, très négatives à l’encontre de tous les mouvements revendicatifs.

« Plus le gilet et jaune, moins la matière est grise. »

Ainsi, lors d’une audience au Tribunal, l’un d’eux s’est permis de dire « Plus le gilet et jaune, moins la matière est grise. », sans que cette insulte odieuse ne soit désavouée par ses confrères, ni même par l’institution « Justice ».

Mais pour nous, Gilets Jaunes, l’insulte reste le plus bas degré de la bêtise. Notons  simplement  que  jamais  l’un  de  nous  ne  s’est  permis  de  dire  que : « Plus  la  soutane  est  noire,  plus  le  bavoir  est  blanc,  moins  la  lumière  ne brille. »

4.  Enfin, on observe une connivence, voire une collusion très étroite, entre le Parquet  de  Nîmes  et  le  commissariat  de  cette  même  ville.  Tous  deux appliquent à la lettre les directives ultra-répressives du ministre CASTANER à  l’encontre  des  Gilets  Jaunes.  En  effet,  Parquet  et  Police  joignent  leurs efforts  pour  criminaliser  les  manifestants  en  faisant  d’eux  des  délinquants qu’on arrête très brutalement et qu’on traduit devant les tribunaux de façon très  expéditive. Les  violences  policières  ne  sont  pas  une  invention,  elles sont bien réelles.

C’est  dans  ce  contexte  très  répressif  que  se  situe  la  présente  affaire  qui devait être jugée en novembre, et qui l’est aujourd’hui. Elle est bizarrement avancée  alors  que  tous  les  tribunaux  sont  encombrés  en  raison  de  la pandémie,  et  que  tous  connaissent  un  retard  supérieur  à  six  mois.  Bizarre encore !

5.  Le  substitut  BOTTERO  utilise  aussi  une  autre  technique  très  sournoise : celle  du  « retournement »  où  les  agresseurs  deviennent  victimes,  et  vice versa.

En effet, c’est moi qui suis à plusieurs reprises provoqué, insulté, menacé et bousculé  par  certains  policiers,  et  lorsque  je  porte  plainte  contre  ces exactions  intolérables,  le  Parquet  les  classe  sans  suite.  Et  bizarrement (encore !), les mêmes  policiers,  avec  plus d’un mois  de  retard sur  les faits, portent plainte contre moi. Et là, patatras, le Parquet retient immédiatement ces  pseudo-plaintes  et  engage  une  procédure  digne  de  l’antigang  ou  de l’antiterrorisme.

Mais avec M. BOTTERO, plus c’est gros, plus ça passe … il n’est pas à une contradiction près !

De  fait,  si  on  m’avait  laissé  venir  aujourd’hui  avec  tous  mes  documents, j’aurais  démoli  point  par  point  chacune  de  ces  charges  fallacieuses.  Mais aussi, de nombreuses personnes auraient pu venir témoigner qu’il s’agit là de mensonges graves, émis par des fonctionnaires agissant dans le cadre de   leurs   missions   professionnelles,   ce   qui   est   passible   de   sanctions administratives lourdes, et de condamnations pénales tout aussi lourdes.

Mais à Nîmes, le Parquet ne poursuit jamais les policiers ripoux. Ce dossier est complètement vide et il constitue une cabale judiciairo-policière facile à démontrer. Cependant, il sert surtout à monter un procès politique, contre un vieux militant connu, dans le but de faire peur à tout le monde.

C’est ce que nous allons voir dans la deuxième partie de cet exposé.

*   *   *

II – UN PROCÈS POLITIQUE :

Cette attaque frontale contre les acteurs de la vraie vie se poursuit depuis plus d’un an et demi. Nous sommes en présence d’une répression inouïe, sans précédent, conduite par le pouvoir Macroniste. Cette démarche n’a rien de judiciaire, elle est politique, et constitue une très grave atteinte à la liberté d’expression, ainsi qu’aux droits d’organisation et de manifestation.

« Casser  du  Gilet  Jaune »  devient,  pour  nos  hommes  politiques  d’En  Marche, une mission. Pour la mettre en place, ils s’appuient sur de bons Samaritains qui le font avec un zèle effréné, ici à Nîmes, au commissariat et au Parquet.

Pourtant   les   Gilets   Jaunes   n’aspirent   qu’à   une   chose,   très   légitime :   vivre dignement ! Mais,   même   cela   c’est   beaucoup   trop   pour   les   MACRON, CASTANER, pour la Bourse et le CAC 40.

Le procès qui m’est fait, lui-même bâti sur dossier « bidon », n’est donc pas un cas isolé, il n’est qu’un procès de plus, intenté contre tous ceux qui protestent, contre tous ceux qui contestent cette politique antisociale d’Emmanuel MACRON, ce petit homme au service des banques et des capitalistes.

Déjà  plus  de  10  000  Gilets  Jaunes  ont  été  envoyés  devant  les  tribunaux  et condamnés. Je ne suis que l’un d’entre eux.

Cette  politique  de  répression  à  outrance  est  bien  évidemment  un  délit  d’opinion, néanmoins,  tout   comme  nos   sophistes  du  Parquet  cités  précédemment,  les politiciens d’En Marche au pouvoir actuellement, savent transformer un conflit social en action criminelle.

Pour ce faire, MACRON et consorts s’inspirent des méthodes du MEDEF. En effet, lorsqu’un patron veut renvoyer un syndicaliste, il n’évoque jamais son militantisme, ou  ses  convictions  idéologiques,  car  ce  serait  illégal,  alors  il  trouve  « une  faute professionnelle grave », et le tour est joué. J’ai suffisamment longtemps siégé aux Prud’hommes pour vous dire que ça se passe toujours comme cela.

Le pouvoir actuel ne fait rien d’autre, et il trouve de très bons exécutants, à tous les niveaux de la Police et de la Justice, dignes des pires républiques « bananières ». Ces procès ubuesques nous rappellent étrangement les livres de Milan KUNDERA.

D’ailleurs,  à  Nîmes,  nous  avons  un  exemple  flagrant  de  ces  mascarades.  C’est celui de l’incendie des Impôts le 1er  janvier 2019. Tout montre que ce crime attribué aux Gilets Jaunes n’était rien d’autre qu’une provocation policière, conduite par un commissaire,  afin  de  discréditer  notre  mouvement.  Pourtant,  sur  cet  événement criminel,  perpétré  par  des  barbouzes,  j’ai  apporté  un  témoignage  catégorique,  et très précis. Mais le Procureur Eric MAUREL l’a classé sans suite, une fois de plus.

Et c’est justement parce que je suis quelqu’un d’insistant et de persévérant qu’il me fait  mettre  en  prison  aujourd’hui,  pour  décrédibiliser  mes  écrits  et  surtout  pour intimider un témoin gênant. En effet, la procédure pénale engagée à présent contre  moi  n’est  pas  étrangère  à  mon  témoignage  sur  l’incendie  de  l’Hôtel  des Impôts de Nîmes, la nuit de la Saint Sylvestre 2018.

De toute façon, tôt ou tard, la vérité éclatera sur cet acte criminel, car on ne me fera pas taire. Et même un séjour arbitraire en prison ne m’intimidera pas, car déjà, la présente  incarcération  ne  m’a  pas  effleurée  d’un  iota.  Mais  revenons  à  notre dossier et à son caractère éminemment politique.

J’ai  65  ans,  et  mon  casier  judiciaire  est  vierge.  Je  suis  par  contre  un  militant syndical, politique et associatif, très investi et très actif. Mais je ne suis en rien un voyou ou un bandit. Je milite depuis l’âge de 14 ans, et jamais de ma vie, je n’ai manqué une grève, une manifestation, ou une action sociale.

Et,  c’est  visiblement  à  cette  constance  et  à  cette  détermination  sans  faille  que veulent s’attaquer les magistrats du Parquet. Se faisant, ils se comportent, comme je l’ai longuement explicité au Conseil Supérieur de la Magistrature, comme de tous petits auxiliaires de police, et transforment   ainsi   la   Justice   en   annexe   du commissariat.

Ils suivent béatement toutes les injonctions des hommes politiques, car c’est à la Préfecture qu’ils prennent les ordres du grand maître Emmanuel MACRON.

Cependant, quelle que soit la violence judiciairo-policière actuelle et à venir, jamais elle ne parviendra à casser les profondes aspirations populaires « pour un monde meilleur », nées un certain 17 novembre 2018, quand des millions de gens sont descendus dans la rue et ont rejoint les ronds-points, vêtus de leur gilet jaune.

MACRON se cassera les dents à vouloir briser notre mouvement, et la justice ne devrait  rien  à  voir  à  faire  dans  un  conflit  social,  sur  lequel  elle  est  d’ailleurs complètement  incompétente…  à  moins  qu’elle  agisse  politiquement,  et  de  façon très  partisane.  En  effet,  elle  n’a  pas  à  cautionner  cette  conduite  vicieuse  qui consiste à transformer tout manifestant en délinquant.

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III – UNE INCARCÉRATION ABUSIVE ET INACCEPTABLE :

Pour terminer cette déclaration, je tiens à revenir sur le fait que je suis actuellement en prison, de façon abusive, et je m’indigne qu’on puisse oser me faire venir ici en qualité  de  détenu,  comme  un  criminel,  avec  des  menottes  aux  poignets,  comme quelqu’un de dangereux.

Par contre, l’escroc François FILLON qui a détourné plusieurs millions d’euros, en abusant de ses fonctions, quant à lui, il n’a fait aucune garde à vue, aucun jour de prison, et s’il est condamné, il restera dehors, au bénéfice de l’âge. Il n’a pourtant que  65  ans,  comme  moi.  Il  en  est  de  même  pour  BALLARDUR,  SARKOZY  ou CHIRAC et beaucoup d’autres.

« Selon  que  vous  serez  puissant  ou  misérable,  les  jugements  de  cour  vous rendront blanc ou noir » disait La Fontaine en 1660… sous Louis XIV.

Notons seulement qu’en ce qui me concerne, je suis condamné déjà, avant même d’avoir été jugé, ce qui est un comble !

En effet, le Procureur m’a mis sous mandat de dépôt le 12 décembre 2109 « Pour empêcher M. Veuillet d’aller manifester ». Ce sont ses propos, et on ne peut être plus clair. Puis ayant été libéré le 26 décembre, il m’a imposé un contrôle judiciaire assorti    d’une    clause    assez    spéciale  « interdiction    de participer à un rassemblement ».

« Pouvoir s’exprimer et protester en manifestant »

Décidément,   les   motivations   politicardes   du   Parquet   ne   sont   même   pas   à démontrer, elles sont ouvertement affichées, car, et c’est extraordinaire, il ne m’a pas interdit de conduire un véhicule,de faire des courses au supermarché, de jouer au  tiercé,  d’aller  à  la  corrida,  ou  de  manger  du  chocolat.  Non!  Car  l’objectif  du Parquet,  on  le  voit  clairement  ici,  est  politique :  interdire  à  un  vieux  militant d’accomplir  ce  qui  est  un  principe  fondamental  des  Droits  de  l’Homme « Pouvoir s’exprimer et protester en manifestant ».

J’ai   respecté   intégralement   le   contrôle   judiciaire,   dans   la   mesure   où   cette disposition  n’est  pas  une  sanction,  mais  une  mesure  conservatoire  qui  peut  être appliquée à des innocents, entre autres, pour les protéger.

Par  contre,  j’ai  refusé  de  me  soumettre  à  l’interdiction  de  manifester,  car  cette décision liberticide est illégale, même décidée par des magistrats.

J’ai d’ailleurs annoncé ouvertement ce refus dès le 26 décembre 2019, lors de ma sortie   de   prison,   où   j’ai   pris   la   parole   devant   une   centaine   de   personnes manifestant leur soutien, sur le parvis de la Maison d’arrêt de Nîmes.

J’ai ensuite participé à toutes les manifestations sur les retraites de fin décembre, jusqu’à  mi-mars,  stoppées  en  raison  de  la  pandémie,  et  du  confinement  pour raisons sanitaires.

Je  suis  très  fier  d’avoir  participé  à  ce  gigantesque  mouvement  revendicatif,  et  je recommencerai   dès   ma   prochaine   sortie   de   prison,   quelles   que   soient   les dispositions d’un éventuel contrôle judiciaire.

J’ai manifesté ainsi, pendant trois mois avant que le sous-procureur BOTTERO ne profite d’un fléchissement d’un rassemblement des Gilets Jaunes, le 30 mai, pour me  faire  arrêter  comme  un  voleur,  sur  un  rond-point,  et  me  faire  incarcérer immédiatement,  en  mobilisant  une  gigantesque  escorte  de  gendarmes,  armés jusqu’aux dents.

Cette décision n’a rien de judiciaire, elle est liberticide et partisane. Elle est surtout contraire à la notion même d’État de Droit, qui en principe garantit la Démocratie.

Je constate surtout que le sous-procureur BOTTERO se montre beaucoup moins zélé, pour sévir, lorsque les manifestants sont en uniforme, ce qui est interdit par la loi.  Et  il  ne  prend  aucune  sanction  pénale  contre  ces  policiers  qui  actuellement manifestent contre nous, Gilets Jaunes, parce que nous dénonçons justement les violences policières, quant à elle, bien réelles.

Le  Parquet  n’est  pas  neutre,  il  est  la  courroie  de  transmission  des  directives  du Pouvoir. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont Katia DUBREUIL et Céline PARISOT, respectivement Présidente du Syndicat de la Magistrature pour l’une, et de l’Union Syndicale des Magistrats pour l’autre (Tribune libre du lundi 29 juin, parue dans le journal « Le Monde »).

Je termine en ajoutant que j’ai travaillé plus de dix ans aux Chantiers Navals de la Ciotat,  en  qualité  d’ouvrier  chaudronnier.  J’ai  participé  à  toutes  les  luttes  des années 80/90 contre les restructurations industrielles.

Je peux dire ici que les affrontements de l’époque avec les forces de l’ordre étaient beaucoup plus violents que ceux d’aujourd’hui.

Pourtant, jamais une poursuite pénale n’a été engagée contre des manifestants, car la  justice  de  l’époque  considérait  qu’elle  n’avait  pas  à  intervenir  dans  un  conflit social. C’est   Simone   VEIL,   alors   ministre   de   la   Justice   qui   a   donné   cette explication.

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EN CONCLUSION : Le procès doit être reporté à une date ultérieure et dépaysé. De  toute  façon,  le  dossier  est  vide. Je  plaide  la  relaxe  et  la  condamnation  des policiers violents.

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Lettre manuscrite de Roland au Président de la cour d’appel de Nimes – copie envoyée à Me Dupont-Moretti :