DÉCLARATION de ROLAND VEUILLET
lue devant la Cour d’Appel de Nîmes
(audience du 29 septembre 2020).
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« C’est un Procès Politique ! »
« Tout d’abord, en préambule, j’observe que, comme je l’ai fait remarquer tout à l’heure en début d’audience, aucun des nombreux policiers présents dans cette salle d’audience ne porte son RIO (son matricule d’identification). Ce qui est pourtant obligatoire. Et je constate que Madame la Présidente n’a toujours pas exigé, que ces policiers se mettent en conformité avec la Loi, comme je l’ai demandé. Soit ! »
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Mais tout de suite, revenons aux questions de fond de ce Procès :
Qu’est-ce que c’est que cette affaire qui commence par une perquisition très violente chez moi, qui se poursuit par trois arrestations « grand spectacle » et qui se termine par six mois de prison, parce que j’ai été repéré avec un gilet jaune sur un Rond-Point.
…Gilet-Jaune !
…Manifestation sur un Rond-Point !
Nous y sommes, voilà le fin fond de l’affaire !!!
Car ne nous trompons pas, nous sommes en plein dans le cadre d’un PROCÈS POLITIQUE, et non face à une affaire criminelle, avec comme finalité, le Droit de manifester que le Pouvoir de Monsieur Macron veut restreindre, voire interdire.
Le problème, c’est qu’en France, les procès politiques ne doivent pas exister, puisque « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions… ». Et donc, d’une certaine manière, les tribunaux sont incompétents pour les aborder.
Notons simplement que ce vide juridique avait été comblé, à une certaine époque, par la création d’une justice d’exception appelée « Section Spéciale ». Philippe Pétain avait ainsi résolu le problème. Emmanuel MACRON semble s’inspirer de ce modèle.
Cependant, je voudrais revenir sur une des caractéristiques essentielles de ce procès, à savoir que nous sommes en présence d’une véritable cabale Politico-Judiciaire, montée de toutes pièces par le Pouvoir politique.
Comme nous l’avons vu tout à l’heure, les faits reprochés sont bidon. Comme nous l’avons vu également, la qualification pénale de ceux-ci est plus que fantaisiste. Alors, comment comprendre cette mascarade, sans aborder le pourquoi de l’absence d’impartialité du Parquet, ainsi que le pourquoi d’un conflit d’intérêts du Commissariat de Nîmes.
Tout d’abord, reprenons la chronologie des événements :
Cette affaire commence pour moi le 27 novembre 2019, lorsque je rentre à mon domicile, et que je constate qu’il a été vandalisé. J’apprends qu’il s’agit en fait d’une perquisition effectuée en mon absence. Ainsi, six policiers de la B. A. C. ont débarqué un matin à l’aube, et ont défoncé la porte et les murs attenants, provoquant des dégâts pour plus de 20 000 Euros. Mais surtout, cela s’est traduit par l’impossibilité d’utiliser le logement pendant quatre mois, en attendant les travaux de réparation.
INTERRUPTION DE LA DÉCLARATION POUR PRÉSENTER LES PHOTOS DE CE VANDALISME POLICIER, CAUTIONNé PAR LA JUSTICE.
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La volonté de nuire est évidente, car que sont venus chercher chez moi ces policiers ? Aucune ordonnance établie par un magistrat (c’est pourtant la loi) ne l’indique dans le dossier. Donc, ils ne viennent rien chercher, mais détruisent tout, et mettent un très grand désordre sur leur passage. Ce genre de pratiques porte un nom : « Mesures d’intimidation », « Méthodes de Barbouzes ».
Cependant, ces policiers prétendent, dans le dossier pénal avoir agit sur ordre du Substitut BOTTERO. Pourtant aucune ordonnance de ce magistrat n’y figure. Ces mêmes policiers prétendent même l’avoir appelé par téléphone à 6 heures du matin. Mais les images de leurs cameras – piétons, qu’ils ont, paraît-il, actionnées, ne figurent pas non plus dans le dossier.
J’ai ensuite déposé plainte contre cet acte de vandalisme caractérisé le 02 décembre à la gendarmerie de Bernis. Et c’est en sortant de celle-ci, alors que je marchais tranquillement sur un trottoir de ce village depuis dix minutes, que je me suis fait littéralement plaquer contre un mur par une voiture de laquelle sont sortis cinq policiers en civil, révolver à la main.
Mesrine ? Carlos ? Ben Laden ?
Non !
C’est Roland Veuillet qui est arrêté en pleine rue, comme s’il était un dangereux terroriste, ou un grand gangster.
Ce n’est pourtant qu’un Gilet-Jaune, de surcroît syndicaliste, armé seulement de livres, de tracts, et parfois d’un mégaphone.
De cette interpellation grand spectacle, s’ensuit une arrestation, et un amené au commissariat de Nîmes avec deux autres véhicules en escorte, et quatre motards. Soit en tout une vingtaine de policiers. Toute cette armada circule à 160 km/h sur la route, en empruntant, sans vergogne, la voie de gauche de la chaussée, avec sirènes hurlantes, et gyrophares actionnés.
Dans ce lieu, je suis gardé à vue, et libéré au bout de cinq heures. C’est le fameux jour, où le brigadier Villard avait bu un coup de trop, peut-être même, certainement dix coups de trop !
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Rebelote, le 10 décembre, après une manifestation sur les retraites, vers 18 heures, je suis appréhendé en pleine rue par une cinquantaine d’hommes de la B. A. C., et par leurs collègues en uniforme.
Là, le spectacle est encore plus grandiose que la fois précédente. Toute la rue Notre Dame est barrée à la circulation. Visiblement, cette démonstration de force est à destination des passants nombreux dans le centre-ville à cette heure de la soirée. Le public en a même pour son argent. Tout y est. On se croirait vraiment dans une de ces mauvaises séries que nous diffusent à longueur de journée les chaînes de télévision.
Et c’est à peu près dans les mêmes conditions que les fois précédentes que je suis conduit au Commissariat. Mais là, on me garde à vue 48 heures, à l’issue desquelles on me conduit au Palais de Justice pour une Comparution Immédiate.
La procédure est expéditive : lorsque je parle, on me vire de la salle. Et je finis en mandat de dépôt à la prison de Nîmes, pour la seule raison, indiquée par le Procureur, je cite : « il s’agit d’empêcher Monsieur Veuillet de rejoindre le mouvement de protestation actuel, contre la réforme des retraites » .
La messe est dite. Elle a au moins le mérite d’être claire. Sauf qu’il s’agit là d’un délit d’opinion, qui plus est, prononcé par un magistrat.
C’est ainsi que je suis incarcéré le 12 décembre. Et comme j’entame immédiatement une grève de la faim et de la soif, je suis libéré dix jours plus tard. Mais on m’impose un contrôle judiciaire très lourd, avec quatre jours de pointage par semaine à la gendarmerie – que je respecte scrupuleusement. Par contre j’annonce d’emblée que je refuse de me soumettre à la clause conditionnelle qui stipule qu’il m’est interdit de manifester. Et je l’ai dit, dès ma sortie de prison le 26 décembre, sur le parvis de celle-ci : j’ai donc repris ma participation à toutes les manifestations sur les retraites, ainsi que toutes les occupations des Gilets-Jaunes sur les ronds-points… de décembre à mars.
Puis, il y a eu le confinement jusqu’en mai, en raison de la pandémie COVID19.
Cependant, dès le 1er mai, j’ai d’abord rejoint le traditionnel rassemblement internationaliste, ainsi que toutes les actions revendicatives qui ont suivi, notamment l’occupation des ronds-points avec mes amis Gilets-Jaunes.
Bizarrement, ce n’est seulement que le 31 mai, soit six mois après la comparution immédiate, que je suis arrêté, à la sortie de l’autoroute de Courbessac.
Là, l’opération de police est édifiante :
Tout d’abord, on assiste à un contrôle d’identité de routine, bon enfant, effectué par quatre gendarmes qui repartent, mais reviennent avec dix de leurs collègues. Puis arrivent un, deux, puis trois, puis dix véhicules de la gendarmerie. Enfin, débarquent en nombre des Gardes-Mobiles, reconnaissables, car ils sont armés de pistolets mitrailleurs, de fusils d’assaut, lance-grenades, et LBD40. On comptera jusqu’à une centaine de militaires, qui se rapproche progressivement de nous Gilets-Jaunes, puis nous encercle complètement dans une nasse.
C’est moi qu’ils viennent arrêter.
Non, ça ne se passe pas à Bagdad, à Bamako, ou à Damas. Ça se passe à Nîmes, en mai 2020 !
La suite, on la connaît, le Juge des libertés (sic) m’envoie en prison. Je suis ensuite jugé le 02 juillet. Jugement que je conteste intégralement, devant la Cour d’Appel, aujourd’hui.
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J’ai fait ce bref rappel historique, car il permet de comprendre le contexte créé par le Parquet, et le Commissariat de police, pour « monter une affaire » artificiellement, à partir de rien, comme je l’ai démontré tout à l’heure dans la première partie de ce procès.
Cet historique permet surtout de mettre en évidence l’impartialité du Parquet lorsqu’il confie le dossier au Commissariat de Nîmes.
En effet, tous deux, sont juge et partie : C’est pour cela qu’a été demandé le dessaisissement de ce Commissariat, ainsi que le dépaysement du procès. Afin que le Prévenu soit jugé par des gens plus neutres, par des gens n’ayant pas de contentieux avec lui.
Or quel est ce contentieux ?
Tout d’abord, signalons que deux des policiers plaignants, Messieurs Yann Desbands et Eric Bouzanquet, ainsi que la Commissaire Géraldine Palpacuer, sont des personnes avec lesquelles, il y a eu énormément d’accrochages dans des situations de conflits sociaux, autres que le mouvement des Gilets-Jaunes.
Ainsi, cette Commissaire qui supervise la construction de mon dossier pénal est celle qui dirigeait les opérations de maintien de l’ordre le 20 novembre 2019. Bref, le Procureur Eric Maurel lui demande d’enquêter sur ce qu’elle a fait elle-même.
C’est un peu surprenant, comme méthode d’investigation !
Soit ! C’est elle qui écrit par exemple que : « Monsieur Veuillet est très connu des services de police »… « il est même enregistré au fichier Gaspard ». Mais, elle se garde bien de préciser que s’il est connu de la police, et fiché, c’est en raison de ses convictions idéologiques, et de son engagement militant. Cette omission laisse entendre surtout qu’il s’agirait avant tout d’un grand délinquant.
Et tout le dossier est composé ainsi.
Poursuivons donc :
Les policiers Desbands et Bouzanquet sont systématiquement requis pour les opérations de maintien de l’ordre, et se distinguent tous deux par un zèle effréné pour casser du manifestant.
C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, lors du mouvement lycéen de 2018, j’ai eu à subir leurs violences lorsqu’ils étaient casqués, armés de matraques, et de boucliers. Cela s’est produit de nombreuses fois : devant les lycées Darbout, Camargue, Duhoda, Daudet ou Montaury.
Devant le lycée Montaury, par exemple, le policier Bouzanquet m’a violemment projeté à terre en me blessant gravement à la main. J’en ai encore la cicatrice. Et lorsque je me suis adressé à la Commissaire Palpacuer qui commandait le groupe ce jour-là, elle m’a répondu avec mépris : « Vous n’avez qu’à pas être là ». Or j’étais mandaté par l’intersyndicale de l’Éducation Nationale pour justement être observateur. Et, ma présence à ce titre était sans ambiguïté puisque je portais un énorme badge syndical mentionnant ma qualité : « Observateur ». Mais le syndicalisme et Madame Palpacuer sont deux choses inconciliables. Elle le montre constamment, et ostensiblement.
Autre exemple, toujours dans le contexte du mouvement lycéen de 2018, toujours dans le cadre du mandat syndical qui m’avait été confié par les organisations syndicales : elle me fait arrêter devant un établissement scolaire, et conduire à l’Hôtel de Police pour une garde à vue de 12 heures.
Ainsi, cette gradée du ministère de l’Intérieur, en toute illégalité, a agi selon ses convictions antisyndicales, et elle l’a fait en profitant de l’autorité que lui confère sa fonction.
En effet, il s’agit là, ni plus ni moins que d’une entrave à l’exercice du Droit syndical, d’un abus de pouvoir, d’un enlèvement, et d’une séquestration. Autant de délits et de crimes passibles de plusieurs années de prison.
J’ai porté plainte, j’ai rédigé un rapport détaillé à sa hiérarchie. Le tout est resté sans suite. Mais autant dire que cette dame se souvient de cet incident dont elle est sortie tout de même très affaiblie, et… très revancharde.
Remarquons au passage que le Procureur Maurel, lui qui se montre très inflexible à l’encontre des Gilets-Jaunes, est dans le cas signalé, plus que laxiste.
Toujours par rapport à Madame Palpacuer, je tiens à citer un autre événement grave : le 12 février 2019, je suis visé et gravement blessé par un tir de LBD40 devant les Arènes. Le policier qui m’a mis dans sa ligne de mire était à moins de dix mètres de moi. Le geste était intentionnel et aurait pu me tuer. C’est d’autant plus grave que ce tir n’avait rien de défensif, puisque je me trouvais, à ce moment-là, au milieu de l’Esplanade, et très loin des forces de l’ordre. Cela s’est produit à un moment où tout était calme. Ce policier donc, caché derrière les grilles de l’amphithéâtre, a agi de façon criminelle.
Et comme c’est Madame Palpacuer qui commandait ce groupe de tireurs posté à l’intérieur du monument romain, elle sait donc pertinemment quel est l’auteur de ce crime, car c’est elle qui a placé ses subordonnés aux différents points stratégiques.
Lorsque j’ai porté plainte, cette dame a omis de transmettre les informations qu’elle détenait au Procureur Maurel. Et lui en a profité pour classer l’affaire sans suite, sans se donner la peine de faire la moindre enquête, alors que tous les collègues de ce policier tueur, savent.
Et si j’évoque l’attitude du Procureur Eric Maurel, c’est parce que je la trouve scandaleuse dans une telle affaire criminelle. Mais je tiens à souligner son comportement équivoque, car ayant été saisi de cette tentative d’assassinat, commise contre moi, et sachant que Madame Palpacuer y est complètement impliquée, c’est elle qu’il a chargée d’instruire mon dossier pénal, dans la présente affaire.
Mais c’est l’habitude au Procureur Maurel : classer sans suite toutes les plaintes, dès lors qu’elles mettent en cause des policiers.
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Je vais citer ici, maintenant, un autre exemple encore : c’est celui de l’incendie de l’Hôtel des Impôts à Nîmes, le 1er janvier 2019. Cet événement criminel a été attribué au Mouvement des Gilets-Jaunes et plusieurs d’entre eux ont été condamnés à la prison.
Pourtant, cet incendie est une provocation policière, certainement commanditée dans les plus hautes sphères de la Préfecture, puisque le chargé de cette mission est un brillant policier, à qui le Préfet Lauga confie habituellement les opérations les plus délicates.
J’y étais, j’ai tout vu. J’ai apporté un témoignage très précis au Procureur Eric Maurel, pour lui dire que ce soir-là, j’ai vu à plusieurs reprises le Commissaire Emmanuel Dumas (l’excellent policier dont je viens de parler). Je l’ai vu parler avec les gens qui ont mis le feu à ce bâtiment public. Or ces gens-là n’étaient pas des Gilets-Jaunes, et étaient inconnus de notre mouvement. Par contre, le Commissaire Dumas les connaissait visiblement très bien. Ils ont disparu, sans être le moins du monde inquiétés.
Là encore, bizarrement, le Procureur Maurel a classé sans suite mon témoignage. Et cerise sur le gâteau : à qui a-t-il confié l’enquête sur cet incendie ? Devinez ! Au Commissaire Emmanuel Dumas.
C’est à dire, que comme dans l’affaire précédente, le Procureur Maurel confie l’enquête pénale à quelqu’un directement impliqué dans les investigations qu’il a à conduire. Autant dire que tous ces enquêteurs ne vont jamais mentionner leurs agissements ambigus, ni même leurs fautes.
Néanmoins, à la demande du Parquet, comme dans la présente affaire, il y a eu un procès expéditif, sur la base d’une enquête plus que douteuse, et des Gilets-Jaunes ont été condamnés à la place des indics du Commissaire Dumas.
Enquête bâclée, surtout, tout comme celle qui nous concerne aujourd’hui, pour laquelle le Procureur Eric Maurel retient uniquement toutes les plaintes des policiers contre moi, mais il classe sans suite les miennes : c’est ainsi qu’il fait mettre sous scellé des images vidéo prises par les policiers, très sélectives, et très sujettes à caution. Mais il refuse de saisir toutes celles prises par les caméras de surveillance de la ville qui auraient quant à elles le mérite de montrer l’intégralité des événements.
Bref, le Procureur Maurel sélectionne les informations qui lui conviennent pour monter un dossier à charge, mais il écarte tout ce qui est à décharge. Le Procureur Maurel agit donc selon ses convictions politiques, et non selon le Droit.
Il entre tout à fait dans la caricature d’un Ministère Public, véritable « Courroie de transmission » du Pouvoir en place. Caricature dénoncée par des Magistrats représentatifs, comme Katia Dubreuil du Syndicat de la Magistrature, de Céline Parisot de l’Union Syndicale des Magistrats, ou de François Molins, Président de la Cour de Cassation (articles parus dans le journal « Le Monde »).
Oui, au Parquet de Nîmes on ne fonctionne pas selon le Droit, mais selon les orientations politiques du Procureur.
C’est ainsi que lors d’une audience du tribunal correctionnel de Nîmes, le Substitut Bottéro s’est permis de dire : « Plus le gilet est jaune, moins la matière est grise ». On ne peut pas mieux démontrer son manque d’impartialité. Pourtant, personne parmi les Gilets-Jaunes, n’a jamais mis en parallèle la noirceur de sa soutane avec un quelconque manque de lumière.
Par contre, il est à signaler que le même Parquet reste silencieux sur le fait que dans les locaux de la Police Judiciaire de Nîmes (sous sa responsabilité), soit déployé un énorme drapeau Sudiste, sur lequel est inscrit le mot d’ordre suprématiste (raciste) : « Je ne regrette rien » (l’esclavagisme !). L’apologie de la ségrégation raciale est pourtant sévèrement condamnée par le Code Pénal. Non pas comme un délit, mais comme un crime. Et l’on ne peut qu’être profondément choqué par le fait que le Procureur ferme les yeux sur un prosélytisme aussi nauséabond.
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Soyons clairs ! Et ne jouons pas les faux naïfs, ou les nouveaux candides.
Le Parquet de Nîmes a engagé, une fois de plus, un procès politique. Un procès politique contre un Gilet-Jaune, c’est-à-dire un procès contre tous les Gilets-Jaunes.
Effectivement, ce procès qui m’est fait aujourd’hui s’inscrit dans une gigantesque vague répressive du Pouvoir Macroniste, contre notre Mouvement, dans son ensemble.
En France, plus de 10 000 Gilets-Jaunes sont passés devant les tribunaux, et plus de 1 000 ont, comme moi, subi la prison.
Or si le fait qu’un pouvoir arrête systématiquement ses opposants indique qu’un régime est autoritaire, celui de les envoyer en prison est le premier signe du début d’une dictature.
Ce procès, comme tant d’autres, met en évidence la violence policière inouïe, observable depuis que Macron est « en marche ».
Depuis 2018, on compte plusieurs dizaines de mutilés, plusieurs centaines de blessés graves, plusieurs milliers d’arrestations avec garde à vue, plusieurs dizaines de milliers d’amendes onéreuses, plusieurs centaines de milliers de tirs de projectiles de guerre en tous genres (grenades antipersonnel, flash-ball, LBD40), plusieurs millions de coups de matraque, de bouclier, ou de brodequin, sans compter les tonnes et les tonnes de lacrymogène et autres gaz déversés (tous, très toxiques et très polluants !).
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Tout cela se passe en France en 2020, et non dans le Chili des années 70. Oui, nous sommes bien en France. Celle de Macron, où le Pouvoir de plus en plus affaibli devient de plus en plus autoritaire. Il ne supporte pas la moindre contestation, au point de mettre six mois en prison le Gilet-Jaune que je suis, pour la seule et simple raison qu’il est Gilet-Jaune.
Autoritarisme, début de dictature :
Pour ce faire, Macron militarise sa police, et transforme les Palais de Justice, en annexe des Commissariats, comme on vient de le voir clairement dans cette affaire, comme dans celle de l’incendie au Centre des Impôts de Nîmes, le jour de l’an 2019.
Pour ce faire, les couches populaires qui protestent, qui manifestent, sont envoyées devant les tribunaux. Par contre les Fillion, Sarkozy, Balladur, Cahuzac et consorts, eux qui sont de véritables escrocs, et même des criminels pour certains… eux restent en liberté.
Avec Macron au gouvernement, nous sommes entrés dans une aire politique nouvelle : celle de l’ultralibéralisme, celle d’une société entièrement « ubérisée », dans laquelle seuls comptent les coffres-forts des banques, et les dividendes versés aux actionnaires.
Cette politique consiste à prendre dans la poche des pauvres, pour remplir celle des riches. Et cela se réalise par la casse de tous les acquis sociaux, et par la casse des Services Publics.
Les riches sont ainsi de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Comment vivre avec 500 Euros par mois ? Car c’est avec seulement cela que doivent vivre, ou plutôt survivre, ceux que la politique antisociale de Macron, précipite dans la misère.
Et ils sont nombreux ceux qui se débattent dans des conditions aussi lamentables. Ce sont les millions de jeunes sans perspective, ce sont les millions de retraités avec des pensions dérisoires, ce sont les millions de travailleurs précaires qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, ce sont les millions de chômeurs qui vivotent avec ou sans indemnités.
Ce sont ceux, pour qui les fins de mois difficiles commencent au début du mois. Ce sont ceux, qui sont descendus dans la rue, un certain 17 novembre 2018 :
Ce sont les Gilets-Jaunes !
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Ce mouvement social est sans précédent, car il a réussi à mobiliser des centaines de milliers de personnes pendant près de deux ans.
Ce mouvement social est également très original, car il sort des sentiers battus des contestations habituelles, très institutionnalisées. Il est dynamique, il est entreprenant, il est sans chef. Et surtout, il a réussi à réellement déstabiliser celui qui se croyait tout puissant, au point de se faire appeler « Jupiter ».
…Et puis, les Gilets-Jaunes ne demandent pas la mer à boire, ils demandent simplement à « VIVRE DIGNEMENT ! »
D’ailleurs, c’est justement par toutes ses spécificités qu’ils font peur à Macron, et à ses amis de la Bourse, car ils remettent en cause tous les fondements de ce système, et ce par des actions efficaces.
Macron a peur des Gilets-Jaunes, et c’est pour les faire taire qu’il a engagé une répression d’une violence inouïe : violence policière, mais aussi violence judiciaire.
Dans la pratique, cela se traduit, comme on le voit à Nîmes, par une collusion étroite entre Préfectures / Commissariats / Parquets.
Ainsi, dans le Gard, le Préfet Didier Lauga interdit toute manifestation, le Commissaire de police Jean Pierre Sola envoie la troupe pour frapper les contestataires, et le Procureur Eric Maurel engage des procès en sorcellerie, pour terminer le travail.
Car l’enjeu de cette répression, comme je l’ai démontré précédemment, c’est bien de bâillonner toute forme de contestation, et cela commence par l’interdiction de manifester. L’interdiction de manifester qui est justement la toile de fond du présent procès.
C’est bien parce que j’ai manifesté, et qu’on me l’a interdit que je suis actuellement en prison, depuis maintenant six mois. Ajoutons que je ne suis pas seul dans ce cas, car il y a en France près de 30 000 personnes « interdites de manifestation ».
… Interdictions, je tiens à le rappeler, toutes prononcées en toute illégalité par des Magistrats. Ce qui confirme que la justice, dans ce domaine, ne délibère pas selon le Droit, mais selon les directives du Pouvoir en place.
Ce n’est pas moi qui le dis, je ne fais que reprendre les termes employés par le Rapport Annuel d’Amnesty International, organisation humanitaire, qu’on ne peut pas suspecter de gauchiste, loin de là.
Mais manifester, n’en déplaise aux Magistrats, est un Droit inaltérable, tout comme celui de faire grève. Et aucun jugement ne pourra l’interdire sous des prétextes aussi fallacieux que l’exigence d’une autorisation.
Les « Sans-Culottes » ont-ils demandé à Louis XVI l’autorisation de prendre la Bastille ?
Bien évidemment NON !
Pourtant le 14 juillet est aujourd’hui le symbole de mondial des Droits de l’Homme.
Il en est de même du 1er mai, qui avant d’être « la Fête du Travail » a été la journée phare pour obtenir le Droit de Grève.
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Le Droit de manifester est au centre du procès d’aujourd’hui. Et personne ne m’en privera, pas plus la Police que la Magistrature.
Je milite depuis l’âge de 14 ans. En 50 ans d’engagement, c’est la première fois que j’assiste à une telle interdiction généralisée. C’est surtout la première fois que je côtoie une telle répression. En moins d’un an, j’accumule : dix gardes à vue, huit amendes de 800 Euros, six mois de prison ferme, et autant en sursis.
C’est du jamais vu !
Alors, si maintenant, il faut prendre d’autres Bastilles pour défendre la liberté, nous prendrons ces autres Palais !
Et demain, dès que je sors de prison,
Autorisées ou pas,
Je participerai à toutes les manifestations.
… Et aucun contrôle judiciaire ne me l’interdira.